Qu’est-ce que c’est ?
Notre cerveau traite un grand nombre d’informations chaque jour, souvent de manière automatique, ce qui nous amène à simplifier la situation en prenant des raccourcis cognitifs. Ces raccourcis sont des biais cognitifs ou distorsions cognitives : des schémas de pensée trompeurs et faussement logiques qui influencent notre perception du monde, des autres, et de nous-mêmes. Ils affectent aussi nos jugements et, au final, nos décisions. Ces erreurs de raisonnement sont dues à des déductions rapides et automatiques, qui agissent comme des filtres sur notre perception.
Dans son ouvrage Thinking, Fast and Slow, le psychologue Daniel Kahneman explique qu’il existe deux systèmes de pensée. Le Système 1 est rapide, intuitif, et fonctionne automatiquement. Le Système 2, plus lent, demande une analyse consciente. La plupart des biais cognitifs viennent du fonctionnement instinctif du Système 1.Ces jugements automatiques réduisent l’effort mental et nous aident à prendre des décisions plus rapidement. Cependant, ils peuvent aussi mener à des erreurs, particulièrement dans des situations telles que le travail, les relations interpersonnelles, ou la prise de décisions stratégiques. Même s’il est impossible de se débarrasser complètement de ces biais, les identifier et en prendre conscience dans nos pensées quotidiennes est une étape essentielle pour améliorer nos choix.Comprendre les biais cognitifs est crucial, non seulement pour améliorer la prise de décision individuelle, mais aussi pour optimiser les processus collectifs dans les entreprises, la gestion de projets, et les décisions stratégiques.
Quel est leur impact ?
À ce jour, plus de 200 biais cognitifs ont été identifiés et étudiés par les psychologues et chercheurs en sciences cognitives. Ces biais influencent directement notre perception, la façon dont nous traitons les informations, et la manière dont nous prenons des décisions. Ils peuvent déformer la réalité, rendant notre raisonnement moins fiable. Une étude de Tversky et Kahneman a montré que les décisions financières prises sous l’influence de biais mènent souvent à des erreurs coûteuses, même si des données rationnelles sont disponibles.
Dans le domaine du marketing, ces biais ont un fort impact sur la perception des prix, des produits, et influencent nos décisions d’achat. Par exemple, le biais d’ancrage nous pousse à accorder une importance exagérée au premier prix que nous voyons. Cela se manifeste fréquemment avec des prix barrés ou des promotions : lorsque nous voyons un prix initialement élevé barré et remplacé par un prix réduit, nous avons tendance à penser que c’est une bonne affaire, même si le prix final est proche de la valeur réelle du produit. Le biais de rareté nous pousse également à percevoir un produit comme plus attractif lorsqu’il est présenté comme étant en stock limité, même si cela n’en change ni la qualité ni l’utilité.Ces biais influencent de nombreux aspects de notre vie quotidienne, impactant non seulement nos décisions financières, nos choix d'achat et la manière dont nous traitons les informations, mais aussi nos relations interpersonnelles et nos perceptions dans des contextes sociaux et professionnels, et même la manière dont nous évaluons des situations complexes dans des domaines comme la politique, la santé, le marketing et la gestion de projets.
Comment réduire leur impact ?
- Prendre conscience des biais et se former : Reconnaître les biais cognitifs et comprendre leur impact sur nos décisions est une étape essentielle. La formation et la sensibilisation aux biais nous aident à prendre des décisions plus rationnelles et objectives.
- Prendre le temps de réfléchir et faire des pauses : Ralentir la prise de décision en activant le Système 2 nous permet d’éviter les jugements impulsifs. Prendre des pauses permet de réduire l’influence des émotions et des raccourcis cognitifs.
- Encourager la diversité et la réflexion collective : La diversité des points de vue dans une équipe permet de limiter la pensée de groupe, qui tend à renforcer les biais. Promouvoir des perspectives variées au sein des groupes et des entreprises améliore la qualité des décisions.
- Utiliser des données objectives et des processus structurés : S’appuyer sur des faits, des chiffres, et des grilles d’évaluation permet de réduire l’influence des préjugés et des stéréotypes. Des processus structurés limitent l’impact des erreurs dues aux biais cognitifs.
- Mettre en place des processus décisionnels et s’entraîner : Instaurer des procédures structurées et des matrices de décision permet de rendre les décisions plus rationnelles. L’entraînement à identifier et à corriger les biais aide à développer des compétences cognitives solides et à améliorer la qualité des décisions.
Les biais cognitifs sont des mécanismes naturels qui influencent nos décisions au quotidien, souvent à notre insu. Ils simplifient le traitement de l’information, mais peuvent aussi entraîner des erreurs de raisonnement dans nos choix personnels, professionnels, ou collectifs. Pour limiter leur impact, il est essentiel de reconnaître ces biais, de promouvoir la diversité des perspectives, et d’adopter des outils décisionnels objectifs. En prenant le temps de réfléchir et en s’entraînant à identifier ces distorsions, nous pouvons améliorer la qualité de nos choix et optimiser nos processus de réflexion.Alors, même si on ne pourra jamais complètement éviter les biais cognitifs, au moins maintenant, on saura quand notre cerveau essaie de nous jouer des tours... et on pourra lui répondre : "Pas cette fois, Système 1 !”