Si vous avez lu nos précédents articles sur ce sujet, vous savez déjà que les biais cognitifs sont des distorsions mentales qui influencent la manière dont une personne traite les informations et prend des décisions. En formation, ces biais cognitifs peuvent biaiser l'apprentissage, le jugement, la compréhension et la prise de décisions des apprenants. Pour mieux les appréhender, nous allons voir trois exemples de biais courants lors d'une formation en entreprise, leur effet sur l'apprentissage, et comment les formateurs peuvent les contourner pour offrir une expérience d’apprentissage plus efficace et adaptée.
1. L’effet d’ancrage : la première impression compte
L'effet d’ancrage est un biais cognitif qui pousse une personne à s’appuyer sur la première information qu’elle reçoit pour orienter son raisonnement, ses choix et ses décisions futures. Par exemple, lors d’une formation, si les premières données partagées sont incorrectes ou incomplètes, l’apprenant peut avoir des difficultés à revoir son jugement par la suite, même face à de nouvelles informations. Et oui, à cause de l'effet d'ancrage, la première impression compte !
Prenons un exemple : dans une formation sur la prise de décision stratégique en marketing, un formateur pourrait donner une tendance erronée de la consommation d'un produit. Cette première estimation peut devenir, dans le cerveau de l'apprenant, un point de référence ou un ancrage qui influence ensuite sa prise de décisions. Cet effet est si puissant que même lorsque des informations plus précises sont présentées, le cerveau continue d’utiliser cette première croyance comme base. Dans cet exemple, la perception de cette personne quant à cette information est donc biaisée et influera sur son système de pensée et son raisonnement. Les formateurs doivent donc veiller à fournir des informations correctes dès le début pour éviter cet effet d'ancrage.
2. Le biais de confirmation : on voit ce que l’on veut voir
Un autre exemple de biais cognitif en formation est le biais de confirmation. C'est une des tendances les plus communes en matière de biais cognitifs. Il pousse les individus à rechercher et à prêter une plus grande attention aux informations qui confirment leurs croyances, en ignorant celles qui les contredisent. Ce biais est particulièrement problématique en formation, car il limite la capacité à remettre en question des idées préconçues. C’est pourquoi il est plus facile d’apprendre à partir de peu que désapprendre pour réapprendre.
Par exemple, dans une formation en entreprise sur les méthodes de gestion, un apprenant pourrait avoir une croyance forte en faveur d'une méthode particulière. Ce biais le conduira à ignorer les informations qui montrent les limites de cette méthode. Comme l’explique Daniel Kahneman, ce biais découle de notre système de pensée rapide qui favorise les raccourcis mentaux, ou heuristiques, au détriment d’un raisonnement plus profond. Ici, le jugement quant à l'importance des informations est biaisé. Ce biais donne l'illusion que seule sa croyance initiale est correcte. Pour contrer ce biais de confirmation, les formateurs doivent encourager les participants à réfléchir de manière critique et à explorer plusieurs points de vue.
3. L'effet dunning-kruger : le faux sentiment de maîtrise
L’effet dunning-kruger est un autre biais cognitif courant de notre cerveau qui donne l'illusion de la connaissance. Cela peut donc avoir un effet sur l'efficacité d'une formation. Ce biais consiste à surestimer sa compréhension d’un sujet, alors qu’en réalité, cette maîtrise est limitée.
Par exemple, un participant à une formation peut avoir tendance à croire qu’il maîtrise parfaitement une nouvelle compétence après avoir suivi une simple vidéo explicative. Cependant, sans mise en pratique ou approfondissement, ce sentiment de compétence est trompeur. Ce biais se manifeste souvent lorsque le cerveau utilise des heuristiques pour simplifier l'apprentissage et donner une fausse impression de compréhension. Cette illusion empêche une véritable maîtrise du sujet et freine l’apprentissage à long terme. Pour les formateurs, il est crucial de créer des situations pratiques pour tester la compréhension réelle, éviter cette illusion et contrer ces biais cognitifs.
Vous l'aurez compris, les biais cognitifs influencent profondément l’apprentissage en formation, que ce soit par l’effet d’ancrage, le biais de confirmation ou l'illusion de la connaissance. Ces distorsions mentales que sont les biais cognitifs, issues de notre psychologie et de notre façon de traiter les informations, peuvent avoir un effet direct sur la manière dont les participants prennent des décisions et intègrent les informations. En comprenant ces mécanismes, les formateurs peuvent mieux structurer leurs programmes pour éviter que les apprenants ne tombent dans ces pièges cognitifs et offrir une expérience d’apprentissage plus enrichissante. En fin de compte, une formation réussie repose sur la capacité à surmonter ces biais et à encourager un raisonnement plus clair et objectif.