Qu’est-ce que les biais attentionnels et quel est leur impact en formation ?

Avant-propos : Attention, vos biais vous regardent !

Vous êtes en train de lire cet article, et soudain, une notification pop ! Votre attention vacille, et sans même vous en rendre compte, vous cédez à la tentation de vérifier votre message. Félicitations : vous venez d’expérimenter un biais attentionnel.

Ces mécanismes subtils influencent profondément la manière dont nous apprenons, concevons des formations et interagissons avec les stimuli de notre environnement. Mais qu’entend-on réellement par biais attentionnels ? Et surtout, pourquoi devraient-ils intéresser les acteurs du monde de la formation ?

Dans cet article, nous plongerons dans l’univers fascinant des biais attentionnels, en explorant leur définition, leur fonctionnement et leurs implications dans le domaine de la formation.

⚠️ Spoiler alert : ces biais peuvent transformer (en bien ou en mal) l’expérience d’apprentissage.

Les biais attentionnels : petite leçon de psychologie cognitive

Les biais attentionnels, c’est quoi exactement ? Ce sont des distorsions dans la manière dont notre système cognitif sélectionne et maintient son attention sur certaines informations au détriment d’autres. Imaginez votre cerveau comme une passoire : elle laisse passer certains stimuli (souvent les plus saillants, ici l'eau) et ignore les autres (ici, les pâtes).

Les fondamentaux scientifiques

  • Modèles cognitifs : Selon Philippot et Douilliez (2005), les biais attentionnels agissent à différents niveaux des processus cognitifs, influençant notre capacité à traiter l’information de manière sélective.
  • Stimuli menaçants et anxiété : Les recherches de Heeren et Philippot (2011) montrent que les individus souffrant d’anxiété (anxiety) ont une tendance accrue à accorder leur attention aux stimuli menaçants. Cette orientation attentionnelle biaisée est considérée comme un mécanisme adaptatif altéré, où la prioritisation des menaces perçues peut interférer avec les processus cognitifs. Ce phénomène, ancré dans les modèles de psychopathologie sociale, contribue à la persistance et à l’amplification des troubles anxieux par une surexposition attentionnelle à des éléments menaçants, au détriment d’informations neutres ou positives.

Un exemple concret

Prenons un apprenant devant une formation digitale. Si une notification apparaît (un stimulus saillant), son attention se détourne, même si l’information de la formation est capitale. Résultat ? Une compréhension fragmentée et un apprentissage réduit.

Les biais attentionnels côté concepteur pédagogique

La conception de formations efficaces nécessite une compréhension fine des biais attentionnels. Mais comment intégrer cette connaissance dans les stratégies d’ingénierie pédagogique ?

Éviter les distractions, maintenir l’attention

  • Évitez la surcharge cognitive : Un contenu trop dense ou mal organisé peut surcharger l'apprenant et ainsi impacter l'apprentissage.
  • Proposez des éléments de guidage attentionnel : Utilisez des éléments visuels ou narratifs pour guider l’attention vers les informations clés. 

Anticiper les biais sociaux et cognitifs

  • Effet de catégorie : Lorsqu’un apprenant catégorise trop vite une tâche comme "facile" ou "ennuyeuse", il y a un risque qu’il y accorde moins d’attention. Pour éviter cela, variez les formats et proposez des activités engageantes, ni trop simples, ni trop difficiles.
  • Exemple d’hypothèse pédagogique : Supposons qu’un apprenant souffre d’une tendance attentionnelle sélective liée à l’anxiété. Une adaptation possible consiste à intégrer des techniques issues de la therapy attentional bias modification (ABM) pour réduire l’impact de ces biais.

Un exemple concret

Un responsable de formation s'étonne du faible engagement de ses collaborateurs sur un module e-learning. Après une analyse, il s’avère que des pop-ups répétées de la plateforme perturbaient leur attention. Une solution simple, comme la suppression des notifications, suffi à améliorer significativement les résultats des apprenants.

Les biais attentionnels côté apprenant : ennemis ou alliés ?

Du point de vue de l’apprenant, les biais attentionnels peuvent avoir des effets variés sur l’expérience d’apprentissage. Mais ils ne sont pas toujours négatifs !

Effets délétères

  • Les stimuli menaçants captent automatiquement l’attention. Cela peut nuire à la concentration des apprenants sur la tâche principale, particulièrement s’ils sont anxieux.
  • Passer d’un stimulus à un autre, aussi appelé “task-switching”, réduit la mémorisation des informations importantes et augmente le risque de surcharge cognitive. Des études publiées dans le Journal of Educational Technology & Society, notamment celle de Park & al. (2015), ont démontré que cette division de l’attention réduit les performances d’apprentissage en surchargeant les circuits cognitifs impliqués dans le traitement de l’information.

Transformer les biais en alliés

  • Stimuli émotionnels : Les émotions positives peuvent aussi capter l’attention de manière constructive. Créer des scénarios engageants ou gamifiés permet d’exploiter cet effet pour renforcer l’apprentissage.
  • Processus d’évaluation : Proposer des micro-évaluations fréquentes aide à maintenir l’attention en consolidant progressivement les acquis.

Réduction des biais : pistes de recherche

La recherche (research) actuelle explore des stratégies pour limiter l’impact des biais attentionnels, notamment à travers des outils adaptatifs basés sur la psychologie cognitive. Les techniques, comme l’utilisation de guidage attentionnel, montrent des résultats prometteurs dans les contextes de formation et plus généralement, lors de tâches de compréhension.

Comme disait Daniel Kahneman (2011) : « Rien n’est plus important pour déterminer ce que nous ferons que ce à quoi nous prêtions attention. »

Que faut-il retenir ?

Les biais attentionnels, loin d’être un simple phénomène psychologique, sont des acteurs clés dans le domaine de la formation.

  • Pour les concepteurs pédagogiques, comprendre ces biais permet d’élaborer des contenus qui captent et maintiennent l’attention des apprenants.
  • Pour les apprenants, identifier leurs propres biais peut améliorer leur capacité à traiter et à retenir les informations présentées.

En fin de compte, intégrer la psychologie cognitive dans la formation, c’est miser sur une ingénierie pédagogique plus intelligente, adaptée au fonctionnement cognitif des apprenants ainsi que leurs biais. Si vous souhaitez digitaliser vos formations en tenant compte de ces principes, contactez-nous : nous avons les solutions pour transformer vos biais… en atouts !

neuropédagogie et digitalisation de formations

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