Le peer-learning, c’est quoi exactement ?
Le peer-learning peut-être défini comme un mode d’apprentissage, une méthode pédagogique différente. Et si l’enseignement n’était pas le seul moyen d’apprendre ? Et si le social primait sur l’efficacité de l’enseignement ?
Utiliser les connaissances des autres pour monter soi-même en compétences, c’est ça, la force du peer-learning. Un apprentissage basé sur l’échange et la collaboration, une expérience qui permet un développement plus significatif durant vos formations. L’objectif ? Résoudre un problème en progressant mutuellement les uns avec les autres, faire que 1+1 soit bien égal à 3.
Pourquoi avoir créé cette méthode d’apprentissage ?
Le physicien et professeur Eric Mazur de l’université d’Harvard a inventé ce concept de « peer learning ». Il est également le précurseur de la classe inversée.
Dans un processus d’apprentissage dit « classique », l’enseignant ne s’intéresse que trop peu à ce qu’on nomme la connaissance de fond ou connaissance spécifique. À l’heure actuelle, l’enseignement se résume à faire découvrir un concept théorique, à l’enseigner à travers une ou plusieurs méthodes puis à appliquer ces méthodes lors d’activités. La finalité de ce process est censée faire passer l’étudiant ou apprenant de l’ignorance au savoir.
Pour résumer le processus :
Un concept → une méthode (procédure) → un savoir-faire → un automatisme → acquisition de la connaissance
« D’accord mais on vient de parler de la connaissance de fond, c’est quoi exactement ? »
Eh bien, c’est là que réside toute la magie du peer-learning ! À l'issue de ce processus, les pairs (apprenants) seront capables de résoudre la plupart des problèmes auxquels ils feront face mais, lorsqu’on demande à un seul d’entre eux d’expliquer le concept, il échoue.
Pourquoi ? La connaissance de fond représente la compréhension du concept. C’est une étape essentielle au développement d’une connaissance et au renforcement des compétences. C’est bien de savoir le faire, mais c’est tout aussi utile de comprendre ce que l’on fait. Or, aujourd’hui, la majorité des enseignants brûle cette étape et n’explique pas à leur équipe l’expérience pédagogique qu’elle effectue.
Comment ça fonctionne à l’école ?
Le peer-learning favorise le travail collaboratif. L’objectif de cette approche est de créer au sein de la classe ou d’un groupe, une intelligence collective, les étudiants forment une équipe.
En France, Sophie Viger directrice générale de l’école 42 définit son établissement comme particulier. En effet, les moyens mis en œuvre pour monter en compétence au sein de l’école passent par la pédagogie du peer-learning. Au compteur, aucun enseignant et aucun cours, seulement des étudiants qui collaborent en échangeant leurs connaissances. Pourtant, force est de constater que l’apprentissage est plus performant !
Le peer-to-peer learning encourage l’apprentissage par le nombre de possibilités qu’il offre. En salle de classe, chaque problème a une solution précise. Il faut suivre les instructions ! Si par malheur, l’un des pairs parvient à résoudre le problème autrement, l’exercice n’est pas validé. Le peer-learning c’est aborder le problème de différentes façons, dans l’objectif final de trouver une ou plusieurs solutions dans un cadre pédagogique.
L’étudiant doit trouver lui-même les solutions adaptées durant sa formation. En optant pour ce mode d’apprentissage, les compétences développées par l’apprenant se multiplient. Outre les compétences techniques, des soft skills apparaissent.
En définitive, on intègre une dimension sociale (respect, solidarité, empathie) dans la formation. On découvre, au travers de l’apprentissage peer-learning, que les pairs, quel qu’ils soient, sont une ressource essentielle à la résolution d’un projet. Ceci s’applique à la fois dans les écoles et le monde du travail en général.
Une remise en question nécessaire.
« Je n’y crois pas moi à cette méthode » « Comment on peut développer ses connaissances et compétences sans enseignant et sans cours ? C’est impossible ! »
Pour répondre à ces propos, il faut comprendre que l’apprenant à besoin d’être acteur de son apprentissage ! C’est lui, ainsi que ses pairs qui sont acteurs du développement de leurs connaissances.
Pourquoi ? Eh bien, le cerveau apprend de cette façon et ce depuis toujours ! Pourquoi faudrait-il changer cela ?
L’apprentissage scolaire déresponsabilise l’apprenant ! Sophie VIGER illustre cela avec un très bel exemple : les premiers pas. Un bébé a envie d’apprendre à marcher, on n’a pas besoin de lui dire de le faire, il va le faire tout seul, au fur et à mesure de son développement.
On ne demande pas à son enfant de marcher d’une manière particulière ni à la même vitesse que les autres. Lorsque l’enfant tombe, on ne va pas lui dire qu’il a échoué et qu’il n’y arrivera jamais ! Ce n’est pas la solution pour espérer un développement naturel chez votre enfant lors de son éducation.
Dans les établissements scolaires actuels, la méthode n’est pas du tout la même.
« Tu apprends ça, maintenant, à cette vitesse-là et tu l’apprends comme ça ! Et si tu sors des clous, alors c’est faux. »
Finalement, l’étudiant n’a pas envie d’apprendre car on ne lui laisse pas le choix. Priver l’apprenant de choix, c’est ralentir drastiquement l’acquisition d’une connaissance et par conséquent la montée en compétence et son processus d’éducation. Ce n’est donc pas la meilleure pédagogie à adopter si vous souhaitez que votre pair évolue.
En entreprise, le peer-learning a-t-il sa place ?
En entreprise, ce concept n’a rien de nouveau. Il porte un autre nom : le social learning. Lors des moments de pause entre collaborateurs, vous discutez des problèmes actuels de votre quotidien, vous posez des questions, vous observez les autres, etc.
Toutes ces démarches vous permettent en réalité, d’apprendre des autres, d’où peer-to-peer, développer ses connaissances grâce à ses pairs.
L’évolution constante de la digitalisation des formations permet aujourd’hui de s’adapter au rythme d’apprentissage de chacun des collaborateurs, de chaque pair. Effectivement, la présence physique n’étant plus obligatoire, le peer-learning peut s’exprimer véhémentement.
En fin de compte, la formation peer-to-peer favorise la motivation des collaborateurs apprenants au sein de l’entreprise.
Dans les entreprises, cela permet d’impliquer davantage ses salariés. Dans les formations, cela permet aux apprenants d’avoir confiance en eux.
Comme a dit un jour Michel de Montaigne : "Mon apprentissage n'a d'autre fruit que de me faire sentir combien il me reste à apprendre".